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dimanche 22 janvier 2023

L'état des marchés durables 2022

Publié pour la première fois en 2015, ce rapport sur l’état des marchés durables est désormais mis à jour chaque année. L’International Trade Centre s'est une nouvelle fois associé à l'Institut de recherche en agriculture biologique (Fibl) et à l'Institut international du développement durable (IISD) pour fournir des données sur les 14 principaux standards de durabilité applicables aux bananes, au cacao, au café, au coton, aux produits forestiers, au palmier à huile, au soja, à la canne à sucre et au thé.

Le rapport présente des données commerciales et statistiques sur ces secteurs ainsi que des tableaux d'aperçu sur les produits et les standards suivants : 4C Services (4C), Better Cotton, Bonsucro, Cotton made in Africa (CmiA), Fairtrade International (Fairtrade), Forest Stewardship Council (FSC), GLOBALG.A.P., IFOAM - Organics International (bio), le Programme de reconnaissance des certifications forestières (PEFC), la Fondation ProTerra (ProTerra), Rainforest Alliance (Rainforest), la Table ronde sur l'huile de palme durable (RSPO), la Table ronde sur le soja responsable (RTRS) et UTZ.

Les données de la dernière enquête (données 2020) montrent que l’agriculture et la sylviculture certifiées continuent de croître, en phase avec l'expansion de la population mondiale et l’augmentation de la demande de produits durables. La part croissante de la superficie totale et du volume de production couverts par des standards volontaires de durabilité (VSS) suggère qu'il existe un potentiel important de croissance supplémentaire.

Téléchargez le rapport (en anglais)


 




samedi 10 décembre 2022

Belgique, cinq grands détaillants s'engagent pour un revenu décent des travailleurs du secteur de la banane

Le 7 décembre 2022, cinq grands détaillants - Delhaize, Aldi, Lidl, Colruyt et Jumbo -  ont signé un accord visant à garantir, d'ici 2027, un salaire décent aux travailleurs leur fournissant des bananes pour le marché belge. 

Un salaire décent est ce dont un travailleur a besoin pour subvenir aux besoins de sa famille : eau, nourriture, habillement, logement, école et soins de santé, y compris une petite réserve pour parer un coup dur. 

Avec 7,8 kg par personne et par an, la banane est le fruit le plus consommé par les Belges. Ces bananes sont principalement produites dans des pays d’Amérique latine tels que le Costa Rica, l'Équateur et la Colombie. 

L'engagement des détaillants est encadré par IDH et s’appuie sur des initiatives similaires en Allemagne et aux Pays-Bas.

vendredi 4 octobre 2019

Fairtrade Belgium s'inquiète : le prix moyen de la banane est en chute libre en Belgique

La banane low cost progresse fortement sur le marché belge. En 2018, la banane discount passait à 27,5% de part de marché, contre seulement 7,7% en 2016. La pression qu’elle exerce sur le prix moyen, lui aussi en nette diminution, inquiète les producteurs. D’autant plus qu’une menace d’épidémie de fusariose, un champignon mortel pour les bananiers déclaré dans deux plantations colombiennes cet été, pèse sur la production de milliers de familles qui en dépendent. Pour protéger les plantations, il faudra pourtant investir.
En Belgique, nous payons de moins en moins cher nos bananes. « Cet appétit grandissant pour les bananes discounts en Belgique est surprenant » dit Nicolas Lambert, directeur de Fairtrade Belgium. « Car le consommateur semble attacher de plus en plus d’importance aux aspect durables d’un produit, et toutes les grandes enseignes de supermarchés proposent au moins une référence de bananes certifiées Fairtrade. »
En tant que consommateur, on s’attend à ce que le prix d’un produit soit composé d’une juste rétribution des acteurs à toutes les étapes de la chaîne de production. Le problème, c’est que lorsque le prix des bananes est très bas, il est impossible de couvrir tous les coûts. La banane bon marché a pourtant un coût bien réel qui doit, inévitablement, être porté. Souvent, ce sont les communautés de producteurs et l’environnement qui en paient le prix fort.
Nicolas Lambert : « Si aujourd’hui nous payons moins pour un kilo de bananes venues d’Amérique latine que pour un kilo de pommes belges, c’est que quelque chose ne tourne pas rond. Ça pose question, car les agriculteurs belges ont aussi besoin d’un meilleur prix pour leurs produits. Une chose est certaine: la banane low cost cache bien ses couts. »
La pression sur les prix - et donc les revenus – est un vrai problème pour les communautés de producteurs, qui en même temps voient leurs coûts de production augmenter chaque année. Dans ces conditions, une menace comme celle de la fusariose n’est pas prise à la légère. Si le champignon devait s’étendre plus largement et à d’autres pays, la production de banane pourrait s’arrêter net. Les producteurs, les entreprises et les économies locales qui en dépendent énormément subiraient alors des pertes immenses.
Un prix juste pour un commerce honnête
Pour effectuer la transition vers un secteur de la banane durable et résilient, les producteurs ont besoin d’être mieux soutenus financièrement. Car à l’inverse, des prix trop bas mènent inévitablement à un perte de qualité, des pratiques dévastatrices pour l’environnement et des infractions aux droits humains. En 2016, Oxfam publiait d’ailleurs un rapport accablant sur les conditions inhumaines qui peuvent exister dans le secteur bananier.
« Pourtant, des solutions existent » explique Nicolas Lambert. « En Europe, plusieurs chaînes de supermarchés ont déjà franchi le pas vers des bananes 100% Fairtrade. D’autres s’engagent dans des projets pilotes allant plus loin encore, visant par exemple à garantir un revenu vital au travailleurs de plantations. Le secteur belge doit suivre pour entamer la transition vers un secteur de la banane durable, qui garantit un revenu vital aux producteurs. Les enjeux sont importants et exigent une réponse forte et le soutien et l’engagement de toutes les parties prenantes. Car le modèle actuel montre que quand un acteur décide de baisser les prix, les autres ressentent la pression pour s’aligner… coute que coute. »
Honnête comme une banane Fairtrade
A l’occasion de la Semaine du Commerce Equitable (2-12 octobre 2019), Fairtrade Belgium veut soutenir la transition vers une banane durable en Belgique, qui garantit un revenu décent aux producteurs. En choisissant de consommer des bananes équitables, le consommateur peut aussi investir dans un mode de consommation qui garantit de meilleures conditions pour les producteurs, afin qu’ils puissent avoir accès à un futur meilleur. Vous soutenez ainsi les producteurs qui font l’effort d’une production durable et vous donnez un signal fort aux supermarchés.
Pendant la semaine du commerce équitable, Fairtrade Belgium appelle à être « honnête comme une banane Fairtrade », en partageant sur les réseaux sociaux une photo de vous avec une banane et une confession. David Mendez, chanteur du groupe de musique Chicos y Mendez, est ambassadeur de la campagne. D’autres célébrités belges s’apprêtent également à partager leurs confessions.

mercredi 18 septembre 2019

Bananes Fairtrade : Lidl revient sur son engagement

Au début de cette année 2019, Lidl Belgique annonçait qu’à l’avenir, seules des bananes Fairtrade seraient disponibles dans ses rayons. Pourtant, tout récemment, début septembre, le discounter revenait sur son engagement et réintroduisait des bananes certifiées Rainforest Alliance, vendues moins cher : 1,05 euro le kilo, contre 1,25 euro* pour les bananes Fairtrade.

La décision, venue d’Allemagne, semble avoir été imposée par les propriétaires de l’enseigne à l’ensemble des Lidl en Europe. Une question économique, de rentabilité. En effet, lorsque Lidl Germany s’était limité en 2018 à ne proposer que des bananes Fairtrade à ses clients, la réaction des concurrents fut immédiate : ils ont déclenché une guerre des prix en multipliant les promotions sur les bananes, ce qui a entraîné une chute des ventes chez Lidl.  Jan Bock, directeur des achats chez Lidl Allemagne confirme : « Nous n’avons pas réussi à convaincre le client de notre engagement. C’est pourquoi nous donnons le choix à nos clients… ». Et son patron, Klaus Gehrig, affirmait de son côté lors d’une conférence de presse que cela avait été une erreur de se limiter aux produits Fairtrade.

Retour donc aux bananes moins chères auxquelles les consommateurs se sont habitués. Le revirement de Lidl ne devrait pas être sans conséquence pour les coopératives de Colombie qui avaient beaucoup investi pour obtenir la certification Fairtrade. 

Quand on y pense, et quittons ici le cas particulier de Lidl, il est quand même interpellant qu’un kilo de bananes cultivées à l’autre bout de la planète, qui demandent un soin particulier et qui doivent voyager en containers à la température contrôlée, soit parfois vendu moins de 1 euro. C’est moins cher qu’un kg de pommes produites en Belgique. 

Il n’y a pas de miracle : des prix écrasés entraînent de nombreuses externalités négatives, un coût social et environnemental... mais aussi une spirale économique négative pour les producteurs en bout de chaîne. Les revenus moindres qu’ils perçoivent ne leur permettent plus de couvrir les coûts d’une production respectueuse de l’environnement. Ils n’ont plus non plus les moyens d’apporter les meilleurs soins aux bananiers, ce qui, à terme, affecte leur productivité et, du coup, à nouveau leurs revenus.


*Prix relevés dans un magasin bruxellois le 18 septembre 2019.
 
Samuel Poos

Photo : Nik Standbridge

samedi 2 février 2019

Lidl ne vendra plus que des bananes équitables en Belgique

A partir de cette année, Lidl Belgique va uniquement proposer des bananes Fairtrade dans ces magasins. En ne proposant que des bananes issues du commerce équitable, la chaîne de supermarchés comptera 14.000 tonnes de fruits durables supplémentaires, ce qui aura un grand impact sur le volume de bananes Fairtrade. Lidl est ainsi la chaîne de supermarchés qui va le plus loin sur le marché belge. De plus, pour une chaîne qui va toujours à la recherche du prix le plus bas, la transition n’est pas une évidence. 

Chaque année Lidl vend quelques 14.000.000 de kilos de bananes. Aujourd’hui on trouve à côté des bananes Fairtrade encore d’autres sortes de bananes, mais à partir de cet été uniquement des bananes Fairtrade seront en vente. Cette mesure de Lidl, qui fait suite à la même décision prise en octobre dernier par Lidl Suisse, va faire croître le marché belge pour les bananes Fairtrade de 90%, pour un total de 27.500 tonnes.


Pour Nicolas Lambert, directeur de Fairtrade Belgium : “Grâce à l’engagement de Lidl, des bananes issues du commerce équitable deviendront de plus en plus une habitude pour le consommateur belge. C’est tout d’abord une très bonne nouvelle pour les producteurs, qui grâce au Fairtrade sont certain d’avoir un prix plus élevé et de meilleures conditions de travail. L’impact et le volume sont étroitement liés: au plus les clients choisissent des produits issus du commerce équitable, au plus l’impact sera important sur le salaire de l’agriculteur. Des grands volumes sont donc très importants pour permettre un changement à grand échelle. Et cela rend la voix du commerce équitable plus forte.

Lidl Belgique s’est fixé comme but de faire croître le chiffre d’affaires pour les produits durables de 10 pour cent par an. La chaîne de supermarchés est aussi depuis des années un partenaire fidèle de Fairtrade. D’ailleurs, l’année passée, Lidl a déjà décidé de remplacer le chocolat par du chocolat Fairtrade dans ces barres de chocolat de sa principale marque maison. Plus de 600 tonnes de chocolat ont été vendues.

Nous sommes convaincus que toutes les personnes qui font parties de la chaîne doivent prendre leur part de responsabilité. Nous voulons aider à ce que les “bananes sanglantes”, qui semblent être le fruit du travail forcé, soient retirées du commerce. Car, outre les prix, les consommateurs réfléchissent de plus en plus à la provenance de leurs produits. Fairtrade ne doit pas être vendu à un prix très avantageux, mais doit être abordable. Comme nous sommes un grand acteur international, il y a peu d’intermédiaires entre nous et les fermiers. Ainsi le prix pour le consommateur peut être diminué, tout en faisant en sorte que les fermiers reçoivent un prix équitable pour leurs produits. Cette décision s’inscrit dans notre objectif de faire en sorte de faire partie des top retailers durables.”, Philippe Weiler, chef durabilité Lidl.

samedi 6 octobre 2018

Lidl Suisse passe aux bananes certifiées Fairtrade

Lidl Suisse proposera à l'avenir uniquement des bananes certifiées Fairtrade Max Havelaar. Lidl Suisse franchit ainsi une étape supplémentaire en développant sa gamme durable. À partir de début novembre, la modification concernant les bananes portant jusque-là la certification Rainforest Alliance, va être mise en place.

Dans la zone de distribution ouest et donc dans près de la moitié de tous les magasins Lidl en Suisse, seront vendues, à partir de début novembre des bananes portant exclusivement la certification Fairtrade. À moyen terme, dans le reste des régions de ventes, les bananes Rainforest Alliance seront également remplacées par des bananes certifiées Fairtrade.




samedi 26 mai 2018

Le long chemin des bananes sénégalaises


Plus d’une fois déjà, l’on a annoncé l’exportation de bananes sénégalaises, tant bios qu’équitables, vers la Belgique, mais la route qui mène de Tambacounda aux magasins Colruyt reste semée d’embûches. 

Malgré le potentiel des organisations paysannes et l'engagement de différents partenaires - comme le Trade for Development Centre - il n'est pas évident d'assurer qualité et quantité pour un produit complexe comme les bananes.

vendredi 30 septembre 2016

Sodexo Luxembourg s’engage pour 100 % de bananes bio et équitables

Sodexo renforce ses engagements en faveur d’un commerce plus équitable en proposant désormais 100 % de bananes bio fairtrade sur l’ensemble de ses sites de restauration au Grand-Duché de Luxembourg.

Plus d'info

jeudi 16 juin 2016

Des bananes équitables du Sénégal

Saviez-vous que Colruyt Group, l'ONG Vredeseilanden et le TDC ont soutenu la production de bananes équitables en provenance du Sénégal?

En 2011, le Trade for Development Centre et Vredeseilanden apportent leur soutien à APROVAG pour que ces producteurs deviennent plus autonomes et produisent des bananes certifiées. En 2013, Colruyt group se joint à l’aventure et s’engage à exporter les bananes d’APROVAG lorsque celles-ci auront obtenu les certifications nécessaires. Le premier conteneur de bananes «test» arrive en Belgique en Décembre 2015 : les premières bananes sénégalaises jamais exportées en Belgique ! 

L’objectif ultime est qu’APROVAG puisse envoyer deux conteneurs par semaine, lorsque tous les problèmes de production seront résolus.

dimanche 22 mai 2016

‘Beyond the seal’: un documentaire web qui dresse le portrait des producteurs de bananes en Équateur

Que savez-vous réellement sur les bananes que vous achetez ? Venez découvrir ce documentaire web qui vous en apprend plus sur les bananes équitables et le mouvement qui tente de changer l'industrie des bananes (en Anglais) : http://beyondtheseal.com/ 

vendredi 9 octobre 2015

Privilégiez le label Fairtrade et faites disparaître les bananes à prix cassé

2,34 euros, tel est le prix que le Belge estime devoir payer en supermarché pour 1 kg de bananes*. Pourtant, il n'est pas rare de trouver en commerce des bananes coûtant un peu plus de 1 euro le kilo. C'est très peu quand on considère qu'un agriculteur des pays du Sud a besoin d'au moins 0,40 euro par kilo pour garantir une production durable. Illusoire avec de tels prix cassés, qui poussent les petits exploitants vers la pauvreté et finissent par s'avérer néfastes pour la qualité.
Au bout du compte, tout le monde y perd ! 

Crédit photo : Fairtrade Belgium

La lutte pour s'attirer les grâces du consommateur est féroce et empêche les chaînes de supermarchés d'opter de façon volontaire et conséquente pour la durabilité. Cette guerre des prix est entre autres menée au niveau des bananes, l'un des aliments les plus vendus des supermarchés. En moyenne, le Belge paie 1,66 euro le kilo de bananes, mais des prix cassés de l'ordre de 1 euro le kg sont fréquemment pratiqués. 

À terme, cette guerre des prix est néfaste pour tout le monde. Les cultivateurs de bananes restent pris au piège de la pauvreté, l'industrie alimentaire et les supermarchés voient leurs marges se rétrécir tandis que le consommateur, de son côté, perd en qualité. 

D'après une étude menée pour le compte de Fairtrade Belgium, il semble que le principal critère d'attrait des bananes ne soit pas le prix (70% des consommateurs le considèrent comme décisif), mais bien la qualité (87% y sont sensibles). Les supermarchés ont donc intérêt à proposer des bananes de bonne qualité et à laisser tomber ces produits à prix cassé, qui n'offrent aucune garantie. 

"Les Belges sont prêts à payer près du double des prix cassés habituels. D'après eux, le prix correct d'un kilo de bananes est de 1,89 euro, c'est même plus que le prix moyen des bananes Fairtrade. Vous voyez, les supermarchés ont là une marge de manœuvre pour proposer en exclusivité des bananes Fairtrade sans perdre de clients. Les tests concrets menés dans les magasins en Belgique et à l'étranger montrent clairement que c'est possible. Nous l'avons demandé aux grands distributeurs : faites en sorte que l'alimentation durable soit la nouvelle norme, tout le monde y gagnerait", explique Lily Deforce, directrice de Fairtrade Belgium. 

"Faites le choix d’une banane juste !" En fin de compte, le dindon de la farce est surtout le cultivateur des pays du sud : malgré des coûts de production ayant fortement augmenté en quelques années, ses revenus ont encore diminué, conséquence d'une pression constante sur les prix. 
Les coûts de transport et d'engrais ont plus que doublé en 15 ans, celui des conditionnements a augmenté de 60% et le coût de la vie n'est pas en reste, avec des hausses de 85% en Colombie et 350% en République Dominicaine. Dans le même temps, le prix de vente des bananes en Belgique a légèrement diminué depuis 2008.

* C'est ce qu'a établi une étude de consommation menée par le bureau d'études indépendant GFK pour le compte de Fairtrade Belgium.

mardi 26 novembre 2013

El Guabo : la banane équitable d'Equateur

En 1997, une quinzaine de petits producteurs de bananes décident de s'unir pour se renforcer et contrer les manœuvres des intermédiaires qui profitaient jusqu'alors de leur désunion pour leur imposer des prix très bas. Ensemble, ils fondent la coopérative El Guabo.

Pendant des décennies, des années 1920 aux années 1950, le secteur de la production bananière était dominé par les multinationales états-uniennes (dont United Fruit, qui fut rebaptisée Chiquita depuis) qui contrôlaient l'ensemble des filières de production et de commercialisation en Amérique centrale et qui se sont rendues tristement célèbres pour leur soutien aux  régimes militaires et aux milices armées qui réprimaient dans la violence les moindres velléités sociales. A partir des années 1950, elles s'implantent en Equateur et développent un nouveau modèle économique en se consacrant exclusivement à la commercialisation et en achetant leur production à des planteurs indépendants.

Le secteur de la banane en Equateur connaît alors un développement d'autant plus rapide que la production cacaotière est en crise, frappé par des maladies fongiques virulentes. Le climat de la côte pacifique du sud du pays est idéal pour les bananeraies qui bénéficient en outre de terres particulièrement fertiles. Cette croissance brutale de la production bananière atteint des niveaux tels qu'elle bouleverse le paysage démographique du pays et provoque, entre 1950 et 1970, le triplement de la population sur les zones côtières du pays(1).
Mais bien que la production demeure entre les mains des producteurs indépendants, les contraintes qu'imposent les multinationales qui contrôlent la commercialisation de la banane provoquent une lente mais certaine déstructuration du secteur. Remplacement des variétés traditionnelles par des espèces au rendement plus important, pressions sur la qualité, les prix et les volumes,… les exigences des grandes compagnies nord-américaines poussent les grands propriétaires à s'unir pour créer d'immenses exploitations qui emploient des dizaines de milliers de travailleurs à des conditions inhumaines (2).
C'est ainsi qu'en quelques années, l'Equateur est devenu le premier producteur mondial de bananes.

La révolte des petits
Incapables de s'organiser en structures de taille suffisante ou d'investir dans les techniques de traitement et de conditionnement exigées par les grands acheteurs, les petits producteurs sont exclus de ce vaste mouvement de croissance. Sous peine de venir grossir les rangs des manœuvres qui peinent dans les grandes plantations comme des esclaves, ils n'ont d'autre choix que de vendre leurs productions à bas prix à des intermédiaires peu scrupuleux qui leur achètent pour le compte des grands planteurs (3).
Confrontés à ces pressions commerciales et aux fluctuations brutales des prix sur les marchés, les petits producteurs voient alors leurs conditions de vie se dégrader douloureusement et leur avenir s'assombrir.
C'est dans ce contexte difficile qu'en 1997, une quinzaine de petits planteurs décident de s'unir pour se renforcer et contrer les manœuvres des intermédiaires qui profitaient jusqu'alors de leur désunion pour leur imposer des prix très bas. Ensemble, ils fondent la coopérative El Guabo (Asociación de Pequeños Productores de Bananos) et s'engagent dans la certification de leur production, qu'ils obtiennent un an plus tard, en 1998 (Fairtrade).
"Il y a quelques années, les petits producteurs étaient dépendants des intermédiaires à qui ils vendaient leur production, parfois à des prix vraiment bas, mais ils n'avaient pas le choix, le système est ainsi fait en Equateur. Les quelques producteurs qui ont fondé El Guabo avaient changé de région pour être libres de créer leur propre association. Aujourd'hui grâce au commerce équitable, tous les producteurs d'El Guabo sont aussi des exportateurs ! ". (Anibal Cabrera, producteur de bananes) (4)

Success story à la banane
Aujourd'hui, El Guabo fait véritablement figure de héraut de l'agriculture équitable équatorienne. La coopérative, qui rassemble une vingtaine de groupements locaux et près de 500 producteurs, fait vivre directement ou indirectement plus de 2200 familles (5).  Elle est devenue le premier exportateur équatorien de bananes équitables. Depuis sa création, l'organisation a multiplié les choix stratégiques judicieux en développant un modèle économique et social performant, fondé notamment sur des investissements productifs importants et la maîtrise des flux de production-commercialisation. La coopérative assure en effet l'essentiel des activités mutualisables au profit des planteurs, depuis le contrôle-qualité des plantations jusqu'à la collecte et à l'acheminement des régimes de bananes vers les centres de tri qu’elle gère également. Les activités d'export (y compris la logistique) sont assurées par AgroFair, une société spécialisée créée conjointement par El Guabo et ses partenaires européens du commerce équitable (6) (Solidaridad, CTM, Twin, Triodos).
L'influence de l'organisation bananière dépasse largement le cercle des opérateurs du commerce équitable. En effet, celle-ci est devenue un acteur important du combat mené en faveur de la reconnaissance des droits sociaux des travailleurs sur les grandes plantations. Elle est en outre souvent amenée à représenter les petits producteurs auprès des décideurs politiques et des organisations internationales. 

En route vers la double certification
Le développement rapide de la monoculture intensive de la banane a des conséquences néfastes sur l'environnement et la biodiversité. Pour répondre aux demandes des multinationales, les paysans utilisent des grandes quantités d'engrais chimiques pour maintenir la fertilité des sols jusqu'au jour où ceux-ci finissent par s'épuiser. Les grandes compagnies résilient alors leurs contrats et partent exploiter d'autres planteurs en laissant derrière elles des terres dévastées et des familles ruinées.
Pour mettre fin à cette spirale de la déchéance, les responsables d'El Guabo encouragent depuis des années les petits producteurs à se convertir à l'agriculture biologique et à s'approprier ces techniques respectueuses de l'environnement (et de la santé des paysans). La coopérative bananière s'est donc engagée dans cette direction en intégrant des communautés de planteurs des versants andins (500 à 800 mètres d'altitude) qui pratiquent une agriculture plus diversifiée et plus traditionnelle que dans la plaine. La coopérative les accompagne alors dans la mise en place de programmes de transition organique et soutient l'échange de savoirs et de techniques entre les différentes communautés de producteurs.
Aujourd'hui, une partie des bananeraies de la coopérative est labellisée biologique et un programme plus large est en cours de réalisation pour la certification du plus grand nombre.

Des conditions de vie et de travail bien meilleures
La quasi-totalité de la production de la coopérative est exportée sur le marché du commerce équitable, aux Etats-Unis et en Europe, ce qui permet aux producteurs de bénéficier de prix plus élevés que ceux pratiqués sur le marché mondial, auxquels s'ajoutent les primes de développement équitable. Pour les bananes qui, en plus sont certifiées biologiques, le prix d'achat est d'environ 15% à 20% supérieur (7).

"Alors que mes employés sont payés 50 $ environ par semaine pour 4 jours de travail, d’autres exploitants ne payent en général que 30 ou 35 $ pour 6 jours de travail... De plus, bien que la loi oblige les employeurs à affilier leurs salariés à une sécurité sociale, cela n’est pas toujours respecté. Avec le commerce équitable et le contrôle de Flo-Fairtrade, ce droit des travailleurs est respecté"  (Teofil, producteur de bananes) (8)

Les primes de développement sont gérées à travers le "Programme d’Amélioration Sociale et Environnementale" (PROMESA) par une équipe qui prépare les projets à financer avant qu'ils soient soumis pour validation à l'assemblée générale qui réunit les planteurs et les travailleurs de la coopérative. La liste des actions et des dispositifs d'ores et déjà mis en place pour favoriser le bien-être des paysans, des ouvriers et de leurs familles est éloquente et souligne l'importance que la coopérative accorde aux questions sociales. Ainsi, l'ensemble des travailleurs employés sur les plantations et dans les sites de transformation et de conditionnement bénéficient a minima de la couverture légale réglementaire et reçoivent en outre des paniers alimentaires ainsi qu'un soutien financier pour l'éducation de leurs enfants. 
Une part importante de ces ressources versées par les acheteurs du commerce équitable est utilisée pour soutenir des initiatives collectives en matière d'éducation (construction d'une école pour les enfants handicapés, attribution de bourses scolaires, financement de garderies et achat de matériel pédagogique) et de santé (création d'une clinique, programmes de vaccination infantile, achat de sérums antipoison, etc.) (9).
Dans un secteur encore marqué par des pratiques souvent condamnables, El Guabo s'illustre à la fois par la qualité de sa production et par son combat en faveur des droits des paysans et de leurs familles.
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Extrait de la brochure du Trade for Development Centre "Le commerce équitable et durable en Equateur", téléchargeable gratuitement sur le site Web du Trade for Development Centre.

(1) Source : Ethiquable 
(2) Source : Oxfam-Magasins du Monde - 30 septembre 2010 - www.oxfammagasinsdumonde.be/2010/09/el-guabo
(3) Source : Idem.
(4) Source : Alter Eco - www.altereco.com/fr/les-producteurs_coop_63_el-guabo.html
(5) Source : Alter Eco - www.altereco.com/fr/les-producteurs_coop_63_el-guabo.html
(6) Source : Oxfam-Magasins du Monde - 30 septembre 2010 - www.oxfammagasinsdumonde.be/2010/09/el-guabo
(7) Source : Asso Equilibre, "EL GUABO : des “bananes équitables” en Equateur" - www.asso-equilibre.org/article.php3?id_article=102
(8) Source : Asso Equilibre, "EL GUABO : des “bananes équitables” en Equateur" - www.asso-equilibre.org/article.php3?id_article=102
(9) Source : Fair Trade Community -www.fairtradecommunity.com/index.php?option=com_content&view=article&id=...
Photo : producteur de bananes d’El Guabo - Crédit : TransFair e.V. 

vendredi 6 septembre 2013

Taches brunes sur or vert: de la guerre de la banane a celle des supermarches

Concurrence acharnée, exploitation sociale et cultures peu écologiques sont des maux bien connus de la production de bananes. Mais qu'en est-il aujourd'hui de ces taches brunes sur l’« or vert » ? Et quel est le rôle joué par le commerce équitable ?