Au début de cette année 2019, Lidl
Belgique annonçait qu’à l’avenir, seules des bananes Fairtrade seraient
disponibles dans ses rayons. Pourtant, tout récemment, début septembre, le
discounter revenait sur son engagement et réintroduisait des bananes certifiées
Rainforest Alliance, vendues moins cher : 1,05 euro le kilo, contre 1,25
euro* pour les bananes Fairtrade.
La décision, venue d’Allemagne, semble avoir été imposée par les propriétaires de l’enseigne à l’ensemble des Lidl en
Europe. Une question économique, de rentabilité. En effet, lorsque Lidl Germany
s’était limité en 2018 à ne proposer que des bananes Fairtrade à ses clients, la
réaction des concurrents fut immédiate : ils ont déclenché une guerre des
prix en multipliant les promotions sur les bananes, ce qui a entraîné une chute
des ventes chez Lidl. Jan
Bock, directeur des achats chez Lidl Allemagne confirme : « Nous
n’avons pas réussi à convaincre le client de notre engagement. C’est
pourquoi nous donnons le choix à nos clients… ». Et son patron, Klaus
Gehrig, affirmait de son côté lors d’une conférence de presse que cela avait
été une erreur de se limiter aux produits Fairtrade.
Retour donc aux bananes moins chères auxquelles les consommateurs se sont habitués. Le revirement de Lidl ne devrait pas être sans conséquence pour les coopératives de Colombie qui avaient beaucoup investi pour obtenir la certification Fairtrade.
Quand on y pense, et quittons ici le cas particulier de Lidl, il est quand même interpellant qu’un kilo de bananes cultivées à l’autre bout de la planète, qui demandent un soin particulier et qui doivent voyager en containers à la température contrôlée, soit parfois vendu moins de 1 euro. C’est moins cher qu’un kg de pommes produites en Belgique.
Il n’y a pas de miracle : des prix écrasés entraînent de nombreuses externalités négatives, un coût social et environnemental... mais aussi une spirale économique négative pour les producteurs en bout de chaîne. Les revenus moindres qu’ils perçoivent ne leur permettent plus de couvrir les coûts d’une production respectueuse de l’environnement. Ils n’ont plus non plus les moyens d’apporter les meilleurs soins aux bananiers, ce qui, à terme, affecte leur productivité et, du coup, à nouveau leurs revenus.
Samuel Poos
Photo : Nik Standbridge
Photo : Nik Standbridge
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