En Bolivie, comme
dans de nombreux pays d'Amérique latine et d'Afrique, l'artisanat traditionnel
constitue l'une des principales sources de revenus pour les populations les
plus pauvres des zones urbaines. Dans les campagnes, la production artisanale
représente un complément de ressources important pour les communautés paysannes,
dont les productions agricoles sont soumises aux aléas des marchés et des
conditions climatiques.
Un
impact social réel
De nouveaux horizons
"Nous
aimons notre Mère la Terre et nous voulons défendre et faire connaître notre
culture et les savoir-faire de nos ancêtres".
La plupart du temps, ce sont les femmes qui créent ces
bijoux, paniers, broderies, céramiques ou instruments de musique et les
recettes de ces activités sont prioritairement affectées à l'éducation, à la
santé et aux besoins quotidiens de la famille[i].
Vendre, le grand défi
Depuis quelques
années, le travail artisanal à domicile en solitaire fait place progressivement
à de nouvelles formes d'organisations collectives. Structurés en
"comités", ces hommes et ces femmes se regroupent par métier et par
spécialité avec comme objectifs un meilleur accès aux matières premières,
l'échange de savoir-faire et de techniques, l'homogénéisation des gammes de
produits et, plus largement, une amélioration de la qualité et une meilleure
gestion des coûts de production[ii].
Si cette tendance
à la professionnalisation des filières de production contribue de manière
significative à la création de valeur et donc de revenus pour ces artisan(e)s,
le fait est que la pérennisation et le développement de ces activités à fort
impact social nécessitent d'accéder à de nouveaux marchés de manière
durable.
Equitable,
c'est important
Créée en 2002 à La Paz, Ayni Bolivia est
une société de commerce équitable qui s'est spécialisée dans la vente de
vêtements et de jouets traditionnels créés au sein de communautés indigènes
très pauvres (25 groupements représentant près de 200 familles) réparties dans
toute la Bolivie, aussi bien dans les montagnes andines que dans les zones
tropicales amazoniennes.
Membre depuis 2010 de l'Organisation
Mondiale du Commerce Equitable (WFTO, ex IFAT), Ayni Bolivia développe ses
activités dans le plus grand respect des principes et valeurs du commerce
équitable.
Ainsi, l'entreprise assure à ses artisans
fournisseurs des rémunérations nettement supérieures au salaire minimum légal
("Un salaire de développement pas un
salaire de subsistance" comme l'explique Vania Rivero, le fondateur[iii]),
auxquelles s'ajoutent les primes équitables spéciales (qui sont généralement
consacrées à l'achat de médicaments, de matériel scolaire, etc.). Ayni garantit
en outre la transparence absolue des conditions et modalités de vente
(l'artisan connaît les marges de chacun des intermédiaires) et s'engage
formellement en faveur de relations commerciales durables avec les artisans
(garantie d'achat). Des actions de valorisation des savoir-faire et des
cultures traditionnels sont régulièrement menées pour promouvoir les œuvres et
créations des artisans qui sont par ailleurs encouragés et soutenus dans leurs
efforts pour améliorer la qualité des produits finis (organisation de
formations, conseils techniques, rémunérations spéciales, etc.). Enfin, une
attention toute particulière est portée à la sécurisation des conditions de
travail et à la protection de l'environnement (recyclage des matériaux,
colorants naturels, économie d'eau et d'énergie).
"Le
commerce équitable est entre vos mains", tel est le slogan de Ayni
Bolivia qui brandit fièrement l'étendard de cette identité bolivienne
traditionnelle, généreuse et solidaire.
Les activités commerciales d'Ayni Bolivia,
que ce soit dans sa boutique de La Paz ou à l'export sur les marchés
internationaux, génèrent des bénéfices sociaux très concrets pour les centaines
de familles défavorisées qui en bénéficient. C'est le propre du commerce équitable
de soutenir le développement économique et social des communautés de
producteurs les plus exposées dans les pays en développement en les aidant à
valoriser leur savoir-faire et leurs traditions.
La santé et l'éducation sont les domaines
où la valeur sociale du commerce équitable est la plus importante pour ces
familles indigènes menacées par l'extrême pauvreté. Les prix d'achat pratiqués
par Ayni Bolivia sont calculés pour permettre à ces artisanes de financer
l'accès aux soins de base pour leurs familles ainsi que l'inscription des
enfants à l'école.
De nouveaux horizons
Afin d'assurer des perspectives durables de
développement aux communautés indigènes avec lesquelles elle travaille depuis
bientôt dix ans, Ayni Bolivia s'est engagée en novembre 2010 dans un ambitieux
projet intitulé "New Hope" (Nouvel Espoir) avec pour objectif de
commercialiser aux Etats-Unis les petites marionnettes indiennes
traditionnelles tricotées par les artisanes de la communauté Aymara qui vivent
à El Alto aux abords de la capitale, La Paz.
Or, mettre sur le marché aux Etats-Unis des
jouets pour enfants, cela n'est pas si évident. Il convient en effet de
répondre à un grand nombre de normes techniques et de sécurité afin de garantir
le fait que ces petites poupées de laine tricotées que l'on enfile au bout des
doigts pour raconter des histoires ne représentent aucun danger pour les petits
de moins de trois ans qui en profiteront. Inflammabilité, résistance des
matériaux, composition chimique, étiquetage,... les règles à respecter pour
commercialiser des jouets pour les tout-petits sont nombreuses et complexes et
exigent l'intervention d'agences et de laboratoires spécialisés pour obtenir
les précieuses autorisations.
Soutenu financièrement par le Trade for
Development Centre de la CTB, l'Agence belge de développement, ce projet
"New Hope" s'inscrit dans la vocation sociale et solidaire d'Ayni
Bolivia. Il vise en particulier à assurer des ressources et des emplois
durables à la vingtaine d'artisan(e)s Aymara qui créent ces petites poupées
colorées et l'univers enfantin dans lequel elles évoluent. Les enjeux sont très
concrets. En effet, le projet prévoit que l'accès au marché états-unien
permettra de doubler en l'espace de deux ans les volumes annuels vendus (de 2
500 à 5 000 unités), ce qui aura pour conséquence de pérenniser la filière de
production garantissant ainsi des revenus et des ressources pour l'ensemble des
familles Aymara qui vivent de cette activité.
Vania Rivero, fondateur d'Ayni Bolivia[iv]
Pour
en savoir plus :
- « Le commerce équitable et le commerce durable en Bolivie », brochure de 48 pages du Trade for Development Centre, décembre 2011.
- www.aynibolivia.com
- www.craftsfrombolivia.com
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