Terre de contrastes, la Bolivie est le pays le plus élevé et l'un des
plus enclavés d'Amérique latine, coincé entre le Chili, le Pérou, le Paraguay,
le Brésil et l’Argentine. De la forêt Amazonienne à l’Altiplano aride, des
trésors des Andes aux souvenirs de l'empire Inca, la Bolivie est un pays d'une
diversité extraordinaire, tant au niveau des paysages que des hommes.
C'est aussi une
des nations les moins développées du continent, malgré des ressources minières
et énergétiques importantes. Près de la moitié de la population vit sous le
seuil de pauvreté, en particulier dans les campagnes et sur les hauts-plateaux.
Pourtant, des progrès très sensibles ont été enregistrés ces dernières années
au niveau social qui ont en particulier profité aux femmes du pays. Elles sont
ainsi plus de 700 000 à avoir appris à lire et à écrire grâce à la campagne d'alphabétisation "Yo sí puedo"
lancée en 2006 (plus de 85 % des bénéficiaires sont des femmes) et nombreuses
sont celles qui témoignent de l'importance de ce programme comme vecteur
d'accès aux ressources et au droit1.
Mais en dépit de
ces efforts gouvernementaux qui placent la Bolivie en bonne position pour
atteindre les Objectifs du Millénaire en termes d'éducation (97 % d'adultes
alphabétisés et parité des sexes dans l’éducation primaire et secondaire d’ici
2015), les fléaux qui affectent le pays sont tels que la réduction significative
de la pauvreté reste un objectif difficile à atteindre. Corruption,
infrastructures défaillantes, cultures illicites, endettement,… autant de
freins au développement économique et social du pays.
Et cette misère,
qui touche en particulier les zones rurales et les communautés indigènes, a
pour principales victimes les femmes qui sont douloureusement confrontées aux
problèmes de violence conjugale et domestique (un fléau particulièrement
difficile à endiguer en Amérique latine) et de sous-représentation dans les
structures dirigeantes des organisations politiques, économiques et sociales.
Q'Antati - Créer pour exister
En 1974, un
groupe d'artisanes, dont une majorité issue de l'ethnie indienne Aymara, décide
de se structurer en groupement pour valoriser leur savoir-faire artisanal et
proposer ensemble une gamme deproduits susceptibles de séduire les marchés
nationaux et internationaux. Nommée Asociación de Artesanos Q'Antati
("aube" en langue aymara), la nouvelle organisation associe des
communautés féminines rurales des montagnes ainsi que des groupes de femmes des
régions urbaines autour de La Paz. Chacune de ces unités se spécialise dans une
forme d'artisanat traditionnel.
Les techniques
utilisées pour la création de ces vêtements (gants, bonnets, écharpes, etc.) et
couvertures en laine d'alpaga, de ces instruments de musique et objets
décoratifs sont héritées des savoir-faire que les Indiennes se transmettent de
mères en filles depuis des générations. Pour bon nombre de ces femmes indigènes
des hauts-plateaux, les ressources générés par la vente de ces objets par leur
organisation constituent un complément de revenus important qui s'ajoute aux
recettes des ventes agricoles.
L'organisation
fédère aujourd'hui douze groupements regroupant quelque 450 femmes artisanes
qui filent, tissent, brodent, sculptent et taillent ces objets et textiles dans
le respect des traditions ancestrales.
Développement équitable
Fondée sur les
principes d'autogestion et de partage, l'organisation centrale intervient
beaucoup en appui de ses membres par le biais de formations techniques (à
l’innovation, à la gestion de production, et à l'intégration en filières) mais
aussi pour moderniser les équipements de production (dans le respect absolu des
savoir-faire traditionnels) des communautés de femmes qui sont ses membres. Par
ailleurs, celles-ci réfléchissent depuis peu à la mise sur pied d'un projet de
tourisme équitable et, en parallèle, au développement de réseaux de commerce
équitable Sud-Sud.
Membre de
l'Organisation Mondiale du Commerce Equitable (WFTO), Q'Antati est souvent
citée comme référence en matière de commerce équitable pour et par les femmes.
Dans un pays économiquement et socialement fragile, l'organisation des
artisanes indigènes boliviennes a réussi à associer des communautés réparties
sur des territoires très différents et à fédérer les volontés de chacune pour
créer une identité commune, synonyme de solidarité, de fierté et de
traditions.
Texte : Texte : Dan Azria - Phenyx43, Florence
Neyrinck. Cet article est un extrait de la brochure "Les
femmes, actrices du commerce équitable" publiée par le Trade for Development Centre et
téléchargeable gratuitement sur www.befair.be/publications
Source : "700 000 femmes boliviennes cessent d’être analphabètes" - 22 mars 2011 - Comité Amérique Latine du Jura - www.lecalj.com
Source : "700 000 femmes boliviennes cessent d’être analphabètes" - 22 mars 2011 - Comité Amérique Latine du Jura - www.lecalj.com
Crédits photos :
- Aymaras (Equateur) © Helen Marsh / Practical Action- Equateur - Crédit : MacJewell
- Aymaras (Equateur) © Helen Marsh / Practical Action- Equateur - Crédit : MacJewell
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