jeudi 27 septembre 2012

Les femmes, actrices du commerce équitable : Q’antati, les artisanes de Bolivie

Terre de contrastes, la Bolivie est le pays le plus élevé et l'un des plus enclavés d'Amérique latine, coincé entre le Chili, le Pérou, le Paraguay, le Brésil et l’Argentine. De la forêt Amazonienne à l’Altiplano aride, des trésors des Andes aux souvenirs de l'empire Inca, la Bolivie est un pays d'une diversité extraordinaire, tant au niveau des paysages que des hommes.

 
C'est aussi une des nations les moins développées du continent, malgré des ressources minières et énergétiques importantes. Près de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté, en particulier dans les campagnes et sur les hauts-plateaux. Pourtant, des progrès très sensibles ont été enregistrés ces dernières années au niveau social qui ont en particulier profité aux femmes du pays. Elles sont ainsi plus de 700 000 à avoir appris à lire et à écrire grâce à la campagne d'alphabétisation "Yo sí puedo" lancée en 2006 (plus de 85 % des bénéficiaires sont des femmes) et nombreuses sont celles qui témoignent de l'importance de ce programme comme vecteur d'accès aux ressources et au droit1.

Mais en dépit de ces efforts gouvernementaux qui placent la Bolivie en bonne position pour atteindre les Objectifs du Millénaire en termes d'éducation (97 % d'adultes alphabétisés et parité des sexes dans l’éducation primaire et secondaire d’ici 2015), les fléaux qui affectent le pays sont tels que la réduction significative de la pauvreté reste un objectif difficile à atteindre. Corruption, infrastructures défaillantes, cultures illicites, endettement,… autant de freins au développement économique et social du pays.
 
Et cette misère, qui touche en particulier les zones rurales et les communautés indigènes, a pour principales victimes les femmes qui sont douloureusement confrontées aux problèmes de violence conjugale et domestique (un fléau particulièrement difficile à endiguer en Amérique latine) et de sous-représentation dans les structures dirigeantes des organisations politiques, économiques et sociales.
 
 


Q'Antati - Créer pour exister

En 1974, un groupe d'artisanes, dont une majorité issue de l'ethnie indienne Aymara, décide de se structurer en groupement pour valoriser leur savoir-faire artisanal et proposer ensemble une gamme deproduits susceptibles de séduire les marchés nationaux et internationaux. Nommée Asociación de Artesanos Q'Antati ("aube" en langue aymara), la nouvelle organisation associe des communautés féminines rurales des montagnes ainsi que des groupes de femmes des régions urbaines autour de La Paz. Chacune de ces unités se spécialise dans une forme d'artisanat traditionnel.
 
Les techniques utilisées pour la création de ces vêtements (gants, bonnets, écharpes, etc.) et couvertures en laine d'alpaga, de ces instruments de musique et objets décoratifs sont héritées des savoir-faire que les Indiennes se transmettent de mères en filles depuis des générations. Pour bon nombre de ces femmes indigènes des hauts-plateaux, les ressources générés par la vente de ces objets par leur organisation constituent un complément de revenus important qui s'ajoute aux recettes des ventes agricoles.
L'organisation fédère aujourd'hui douze groupements regroupant quelque 450 femmes artisanes qui filent, tissent, brodent, sculptent et taillent ces objets et textiles dans le respect des traditions ancestrales.
 

Développement équitable


Fondée sur les principes d'autogestion et de partage, l'organisation centrale intervient beaucoup en appui de ses membres par le biais de formations techniques (à l’innovation, à la gestion de production, et à l'intégration en filières) mais aussi pour moderniser les équipements de production (dans le respect absolu des savoir-faire traditionnels) des communautés de femmes qui sont ses membres. Par ailleurs, celles-ci réfléchissent depuis peu à la mise sur pied d'un projet de tourisme équitable et, en parallèle, au développement de réseaux de commerce équitable Sud-Sud.
Membre de l'Organisation Mondiale du Commerce Equitable (WFTO), Q'Antati est souvent citée comme référence en matière de commerce équitable pour et par les femmes. Dans un pays économiquement et socialement fragile, l'organisation des artisanes indigènes boliviennes a réussi à associer des communautés réparties sur des territoires très différents et à fédérer les volontés de chacune pour créer une identité commune, synonyme de solidarité, de fierté et de traditions. 
 
Texte : Texte : Dan Azria - Phenyx43, Florence Neyrinck. Cet article est un extrait de la brochure "Les femmes, actrices du commerce équitable" publiée par le  Trade for Development Centre et téléchargeable gratuitement sur www.befair.be/publications


Source : "
700 000 femmes boliviennes cessent d’être analphabètes" - 22 mars 2011 - Comité Amérique Latine du Jura - www.lecalj.com
Crédits photos :
- Aymaras (Equateur) © Helen Marsh / Practical Action
Equateur - Crédit : MacJewell

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