mardi 10 mai 2016

Fairebel/Fairefaso : un plaidoyer commun et un soutien mutuel pour les producteurs de lait

Les producteurs belges de lait financent une mini-laiterie au Burkina Faso et participent à la création d’un label équitable burkinabè 
Réunis le 27 avril dernier à la ferme « Les Cinq Epines » à Braine-le-Comte, le MIG-EMB (association de producteurs belges de lait- association de producteurs européens), l’UMPLB (Union nationale des mini-laiteries et producteurs de lait local au Burkina Faso), Faircoop (Fairebel, le lait équitable) et Oxfam-Solidarité ont présenté leur collaboration unique. 

Pour faire face à des mesures européennes qui ne permettent pas aux producteurs familiaux de vivre de leur travail, ils ont décidé d’unir leurs forces, tant en termes de plaidoyer que de savoir-faire et d’investissements.

Le label « Fairefaso » est une étape importante et un symbole fort. Il permet d’identifier un produit de qualité vendu à un prix juste. Il y a une réelle demande de lait de qualité face au lait en poudre importé. Le problème pour nous est de pouvoir se développer et de mettre notre lait sur le marché. Le financement d’une mini-laiterie entre dans le cadre d’un partenariat plus large avec les producteurs belges. Cela nous permet d’accroitre la qualité du lait. Mais c’est aussi dans le cadre d’une collaboration politique, car nous aussi, nous appuyons le travail de plaidoyer des producteurs belges.»

« Depuis la crise de 2009, on produit toujours plus et on exporte toujours plus. La politique agricole européenne tire les prix du lait vers le bas, tout comme les accords économiques, comme les APE, qui forcent les pays du Sud à ouvrir leur marché. Ces politiques de l’Union européenne ne concernent pas seulement le lait. On le voit aussi en Belgique, les producteurs familiaux suffoquent. Les directives européennes favorisent uniquement les grands groupes, sans tenir compte de l’impact social et environnemental que ces politiques entrainent. C’est pourquoi Oxfam et d’autres ONG soutiennent les producteurs familiaux un peu partout dans le monde. Ils les aident à se structurer, à se développer, mais aussi, et surtout, à faire changer les règles du jeu. »

Les producteurs de lait burkinabè se sont ainsi dotés d’un label « Fairefaso », marque de qualité mais aussi le symbole d’une production qui garantit aux producteurs un label équitable. Ils ont pu bénéficier de l’expérience des producteurs familiaux belges qui ont également financé une mini-laiterie à Ouahigouya, troisième ville du Burkina Faso.

 
Depuis la crise du lait de 2009, les producteurs laitiers ouest-africains ont montré à plusieurs reprises leur solidarité avec les producteurs laitiers européens en crise. Aujourd’hui, face aux politiques laitières européennes, les producteurs belges et burkinabè unissent leurs forces. La surproduction européenne et la mise en péril des petites exploitations en Europe ont également des conséquences dans les pays du Sud, comme au Burkina Faso. Les exploitants familiaux sont les victimes d’un modèle économique qui privilégie les géants de l’agroalimentaire au dépend des populations locales et d’une production durable et responsable. L’Europe pousse à produire toujours plus et à moindre coût. Une situation intenable chez nous mais qui a des conséquences bien au-delà des frontières du continent.
Thierry Kesteloot, responsable du plaidoyer Souveraineté alimentaire d’Oxfam-Solidarité, brahim Diallo, président de l’UMPL-B, Erwin Schöpges (Belgique), président de la Fairecoop et représentant du MIG-EMB.
Ibrahim Diallo, président de l’UMPL-B :
« Le pastoralisme est un mode de vie au Burkina Faso, un mode de vie qui est menacé. Notre propre environnement, politique mais aussi climatique, rend la situation difficile. Mais nous devons en plus faire face à la menace d’une concurrence déloyale de l’extérieur. Seuls, nous n’avons pas les moyens de faire entendre notre voix pour développer notre filière laitière, ni de faire front face au manque de politique claire de notre propre gouvernement. S’ajoutent à cela les politiques de dumping pratiquées par l’Union européenne. Travailler avec les producteurs belges de lait nous rend plus forts. D’autant qu’en Belgique, comme au Burkina Faso, nous rencontrons les mêmes difficultés à vivre de notre travail. Si nous ne parvenons pas à vivre de notre travail, il y aura forcément des conséquences sociales. Chez nous, mais aussi en Europe, à commencer par l’immigration en quête d’une vie meilleure.

Erwin Schöpges (Belgique), président de la Fairecoop et représentant du MIG-EMB : 
« Nous, les producteurs familiaux du Burkina Faso et de la Belgique, représentons l’avenir. L’Europe et ses mesures en faveur des multinationales du lait est en train de nous tuer à petit feu. Nous avons décidé de ne pas nous laisser faire car nous représentons l’avenir tant au niveau écologique qu’économique. Nous avons déversé du lait, nous avons rencontré le Pape. Désormais, nous nous unissons aux producteurs burkinabè. Tous ces messages forts doivent être entendus par les politiques. Sans quoi, on va droit dans le mur. Nous sommes d’ailleurs allés ensemble rencontrer les membres du cabinet du ministre fédéral de l’agriculture, M. Borsu. Nous lui avons exposé notre approche. Car, les producteurs familiaux belges ont décidé de prendre le contrepied des politiques européennes. Nous on exporte notre savoir-faire, notre solidarité et pas notre poudre. L’Europe, elle, a fait le choix d’exporter des problèmes sans régler ceux auxquels elles font face en interne. »

Thierry Kesteloot, responsable du plaidoyer Souveraineté alimentaire d’Oxfam-Solidarité :
« Depuis la crise de 2009, on produit toujours plus et on exporte toujours plus. La politique agricole européenne tire les prix du lait vers le bas, tout comme les accords économiques, comme les APE, qui forcent les pays du Sud à ouvrir leur marché. Ces politiques de l’Union européenne ne concernent pas seulement le lait. On le voit aussi en Belgique, les producteurs familiaux suffoquent. Les directives européennes favorisent uniquement les grands groupes, sans tenir compte de l’impact social et environnemental que ces politiques entrainent. C’est pourquoi Oxfam et d’autres ONG soutiennent les producteurs familiaux un peu partout dans le monde. Ils les aident à se structurer, à se développer, mais aussi, et surtout, à faire changer les règles du jeu. »

En chiffres :
- 32.000 euros : le budget du financement du renforcement de la mini-laiterie de Ouahigouya (camion frigorifique, conditionneuse de yaourt, aliments bétail, unité de transformation du lait) pris en charge par Oxfam-Solidarité, le MIG et Faircoop.
- 165 producteurs sont concernés par ce financement.

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