jeudi 26 décembre 2013

FECAFEM, du café aux arachides certifiées

Equateur, Manabi, FECAFEM

La province de Manabi, au nord-est de l'Equateur, est exemplaire des difficultés que rencontrent les paysans des petits pays exportateurs de café. Dans cette région, l'une des plus pauvres du pays (44% de la population vit sous le seuil de pauvreté), les producteurs travaillent dans des exploitations de taille modeste (entre un et deux hectares) aux rendements plutôt bas. Les conditions climatiques sont difficiles (alternance de pluies diluviennes et de périodes de sécheresse) et les sols de ces terres semi-montagneuses sont affaiblis par l'érosion et la déforestation qui ronge la forêt tropicale.

Pour faire face à cette situation, les caféiculteurs n'ont pas d'autres choix que de s'organiser pour mettre en commun leur ressources et s'engager dans des productions de qualité sur des marchés de niche.
Ce constat est à l'origine de la création en 2004 de FECAFEM (Federación de Asociaciones Artesanales de Producción Cafetalera Ecológica de Manabí), une fédération de groupements de producteurs qui s'est fixée pour mission "d'améliorer les conditions de vie de ses membres par le renforcement des capacités techniques, organisationnelles et administratives des organisations(qu'elle fédère), par la mise en place d'alliances stratégiques et par le développement de la productivité, de la qualité et la commercialisation de ses produits sur des segments de marchés spéciaux".

Rapidement, l'organisation centrale s'est mise à pied d'œuvre et les premiers chantiers ont permis d'obtenir la certification biologique pour les planteurs des groupements membres.


Adaptation et diversification


Rurale et montagneuse, la province de Manabi connaît une forte densité de population et un renouvellement rapide des générations. Or, les terres cultivables y sont rares et peu généreuses. Aussi, en termes de développement, les choix des acteurs locaux sont limités s'ils souhaitent éviter l'exode des jeunes vers les grandes villes et leurs banlieues misérables. Conscients de cette situation, les responsables de FECAFEM ont initié en 2009 un projet qui a pour objectif de valoriser les ressources agricoles de ses membres par la diversification de leurs cultures et le renforcement de leurs capacités commerciales. Ce programme vise clairement à augmenter les revenus des paysans de la province et à accroitre le potentiel de leurs exploitations. Il se compose de trois axes principaux. Le premier volet a pour objectif la production et la certification Fairtrade d'arachides biologiques et de produits dérivés (huile et beurre) qui seront transformés en Equateur (de manière à internaliser la plus grande part de la valeur ajoutée du produit fini). Pour ce faire, des groupes de travail préparent la certification (formalisation des procédures, mises aux normes, etc.) tandis que d'autres équipes se consacrent à la mise en place des systèmes de production avec des industriels équatoriens pour la fabrication de l'huile et du beurre d'arachide, prêts à l'exportation.

En parallèle à ces activités de valorisation et de diversification, FECAFEM œuvre à la mise en place des outils financiers et administratifs grâce auxquels la fédération de Manabi pourra gérer ces nouvelles tâches. Des responsables locaux sont ainsi formés pour assurer la gestion et le suivi du système intégré de production-fabrication-commercialisation des denrées alimentaires équitables et biologiques produites par FECAFEM et ses membres.

La diversification des cultures est un enjeu majeur pour les caféiculteurs membres de FECAFEM. Pour des raisons à la fois commerciales et agronomiques, le choix s'est porté sur les arachides qui présentent une forte compatibilité avec les caféiers. Cela n'en représente pas moins un tournant majeur pour les paysans des zones rurales de Manabi. Le troisième volet du projet consacre donc des moyens à cette question centrale. Ainsi, des formations sont organisées au bénéfice des producteurs qui reçoivent l'aide d'experts agronomes avec lesquels ils apprennent les différents cycles de rotation, la fabrication d'engrais naturels issus de ces déchets végétaux, etc.


Horizons


Ce projet, qui est soutenu par le Trade for Development Centre de la CTB, l'Agence belge de développement, est né des échanges que FECAFEM a eus avec Ethiquable à l'occasion desquels l'organisation équitable française s'est engagé à acheter l'huile et le beurre d'arachide équitable et biologique produit par FECAFEM. Des objectifs de production ont pu ainsi être définis qui prévoient en particulier l’exportation vers la France d’un conteneur d’arachides et de 60 000 unités de beurres à partir de 2012.

Pression démographique, rendements agricoles moyens, conditions climatiques difficiles,.. les menaces qui pèsent sur les planteurs de café des zones rurales de la province de Manadi sont autant d'obstacles au développement de la région et à la sécurisation alimentaire des populations. Au-delà de la modernisation de la filière caféicole, ce programme que soutient la Belgique à travers son agence de développement s'inscrit dans le cadre d'une dynamique de stabilisation de la région et de lutte contre la pauvreté. En favorisant le développement de filières agroalimentaires certifiées, le projet aide les populations indigènes locales à vivre de leurs terres. C'est effectivement l'une des vocations du commerce équitable et durable.

Texte : Dan Azria. Extrait de la brochure du Trade for Development Centre "Le commerce équitable et durable en Equateur", téléchargeable gratuitement sur le site Web du Trade for Development Centre.

Une école de Manabi - Crédit  International Institutfor Communication and Development (IICD)
Une école de Manabi - Crédit  International Institut for Communication and Development (IICD).

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