vendredi 14 septembre 2012

KILIFLORA, les fleurs équitables de Tanzanie

Situées au pied du Mont Menu dans le district d’Arusha, au nord de la Tanzanie, les terres des horticulteurs de Kiliflora Limited donnent sur le majestueux sommet enneigé du Kilimandjaro. La coopérative, qui commercialise des roses depuis 1993 sous la marque Kiliflora, est née de la fusion des fermes de Nduruma et de Loliondo qui sont certifiées équitables depuis 2003.


Avec près de 1200 ouvrières et ouvriers, les fermes de Kiliflora produisent entre 200 000 et 400 000 roses par jour qui sont pour l’essentiel exportées vers l’Europe, dont une moitié à peu près (46 % en 2009) auprès des importateurs du commerce équitable.

Certifiée FLO-Max Havelaar mais aussi Flower Label programme (FLP) et MPS (Mileau programma Sierteelt - Floriculture Environment Programme), Kiliflora Limited apparaît comme une coopérative floricole de commerce équitable et durable exemplaire. Depuis l’obtention de la certification équitable, la coopérative progresse dans quasiment tous les secteurs, social bien sûr, mais aussi économique, commercial et environnemental. Les recettes générées par la vente des roses couvrent l’ensemble des coûts de production et garantissent des revenus réguliers et relativement élevés aux travailleuses et travailleurs de la coopérative.
Depuis l’adhésion de la coopérative au commerce équitable, les salaires mensuels des femmes et des hommes qui y travaillent ont doublé (passant de 65 000 Shillings, soit environ 38 euros, à 120 000 shillings, à peu près 70 euros). Collectée par le Comité Kiliflora Joint Body, qui associe travailleurs et direction de la coopérative, et gérée par le Kiliflora Development Fund avec le soutien de Max Havelaar France, la prime équitable d’un montant d’environ 800 000 euros par an 31 a permis de mener à bien un nombre impressionnant de projets de développement :

Création d’un dispensaire médical
Projet prioritaire du Kiliflora Development Fund, la création de ce dispensaire médical répondait à un besoin criant en installations de santé sur la zone. Aujourd’hui, ce dispensaire accueille l’ensemble des travailleurs et des travailleuses de la coopérative ainsi que les habitants des villages alentours.
Distribution de moustiquaires et filets antimoustiques

La malaria, aussi appelée paludisme, est un fléau terrible, l’une des maladies les plus meurtrières au monde, avec près d’un million de morts chaque année, essentiellement en Afrique. La Tanzanie souffre terriblement de cette maladie qui tue environ 200 enfants de moins de cinq ans chaque jour. Aussi, pour réduire cette mortalité dans la région, le Kiliflora Development Fund a décidé l’achat de milliers de moustiquaires qui ont été distribuées à tous les travailleurs à raison de trois par famille.

Construction de salles de classe
L’éducation est toujours considérée comme une priorité majeure dans les coopératives, en particulier dans celles qui travaillent en direct avec les organisations du commerce équitable. Aussi, sur recommandation conjointe des ouvriers et de la direction associés au sein du Comité Kiliflora Joint Body, il a été décidé d’investir une part de la prime Fairtrade pour la construction d’une école comportant cinq salles de classe et l’achat de tout le mobilier (bancs, pupitres, tableaux noirs, etc.).
Environ 500 écolières et écoliers sont scolarisés ici, parmi lesquels des enfants d’ouvriers et ouvrières floricoles, ainsi que d’autres enfants de la région. A midi, un repas en partie payé par la prime Fairtrade est servi à tous les élèves. Grâce à la prime Fairtrade, davantage d’enfants peuvent fréquenter l’école. Le couvert leur étant fourni à midi, les élèves sont pris en charge du matin au soir, de sorte que les parents peuvent aller travailler l’esprit tranquille et venir chercher leurs enfants à l’école à la fin de la journée, avant de rentrer chez eux(*). Par ailleurs, les enfants qui souhaitent poursuivre leurs études secondaires reçoivent des subsides supplémentaires pour couvrir les frais de scolarité.

Plantation d’arbres
Le développement durable est devenu une composante essentielle du commerce équitable et, confrontées aux risques écologiques, de nombreuses coopératives dans les pays en développement ont intégré cette dimension et la nécessité d’inscrire leur développement dans une démarche de respect de l’environnement. C’est notamment le cas des responsables et des travailleurs de Kiliflora qui ont investi une part des primes du commerce équitable pour planter plus de 260 000 arbres a proximité des villages qui entourent la coopérative et près des écoles. En quelques années, les résultats de cette initiative sont déjà perceptibles : dans les environs des villages, la dégradation des sols et la déforestation tendent à diminuer et les villages reverdissent.

Un exemple pour le commerce équitable et durable
En mission sur place pour la première fois, Alberto Hernandez, 29 ans, manager fleurs et plantes depuis septembre 2007 à la fondation Max Havelaar Suisse, est revenu impressionné de son expérience aux côtés des travailleuses et des travailleurs de Kiliflora :
« Ce qui m’a le plus convaincu, c’est le fonctionnement du Joint Body, le comité mixte ouvriers-managers, qui gère de façon autonome les décisions de l’ensemble de la main-d’oeuvre pour l’utilisation de la prime du commerce équitable. Avec 10% du prix à l‘exportation, la prime Fairtrade représente beaucoup d’argent et chez Kiliflora cet argent est bien investi. Ce comité bénéficie du soutien du management.
Les projets sont discutés, priorisés, décidés. Parmi ceux réalisés, des logements familiaux améliorés, ainsi que plusieurs écoles et jardins d’enfants, ou des fontaines d’eau potable en de nombreux endroits. (…) Il y a aussi de plus petits projets comme la fabrication de petits réchauds de cuisine fonctionnant avec une pâte à base de canne à sucre ou la réalisation artisanale de lampes solaires rudimentaires pour la maison, j’en passe. Tout cela influe sur l’ambiance générale qui est excellente, on se sent à l’aise chez Kiliflora qui est vraiment un exemple de développement et de dialogue Nord-Sud.
Choisir une rose du commerce équitable, c’est contribuer à rendre l’existence plus digne – directement et indirectement – pour plus de 10 000 personnes de la région et beaucoup d’autres ailleurs en Afrique, en Asie et en Amérique latine »(*)

(*) Source : www.maxhavelaar.ch



Pour en savoir plus :


Texte : Dan Azria, Extrait de la brochure du Trade for Development Centre : "Le commerce équitable et durable en Tanzanie", téléchargeable gratuitement sur http://www.befair.be/fr/publications

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